Les falafels zéro déchet

Dans une autre vie, tous les dimanches ou presque, je rejoignais les hordes de bobos parisiens dans le Marais pour shopper des fringues bien trop chères, présentées sur des mannequins bien trop minces. (Pour ma défense de calédonienne frileuse, c’était la seule balade « chauffée » de Paris…) Une fois que j’avais perdu une bonne partie de mon salaire et de ma dignité, j’aimais me réconforter avec un festin dont ce quartier a le secret : pastrami, wraps, falafels, baba ganousch et houmous… toute la gastronomie libanaise y passait pour oublier le froid de l’hiver, le blues du dimanche soir et le SMIC que je venais de dépenser. J’avoue, depuis que je me suis réinstallée sur mon île aux mille saveurs mais à l’isolement culinaire profond, j’ai pas mal oublié le vrai goût du moyen orient.

Le burger au pastrami de Schwartz’s Deli, une de mes adresses anti bad Sunday mood…

J’ai longtemps essayé de cuisiner des falafels. Par « essayer », je veux dire lire la recette, lister les ingrédients, réaliser qu’il faut utiliser des pois chiches secs, abandonner et me faire une omelette. J’ai eu quelques différends avec les pois chiches secs, sûrement parce que je ne les laissais pas tremper suffisamment longtemps, et/ou que je les cuisinais plusieurs mois (années ?) après les avoir achetés. Résultat, je devais les cuire au moins 2 heures, avec une odeur de chaussette mouillée qui persistait pendant plusieurs jours dans mon appart. J’ai aussi tenté les préparations toutes faites pour falafels, auxquelles il « suffit » de rajouter un oeuf, une carotte, du parmesan, du muesli maison et du pot au feu. Sans grand résultat. Probablement parce que je maîtrise mal la cuisson du pot au feu.

Et puis récemment, une moitié de boîte de pois chiches me criait depuis le frigo d’honorer les derniers instants de son existence. Le confinement m’ayant résolue à une cure de jus de légumes quotidienne, les pois chiches se sont unis à leurs voisins d’étagère pour me crier cette détresse : une belle quantité de fibres d’extracteur, conservées dans l’espoir d’un avenir meilleur que la poubelle. Quelques bricolages de recettes plus tard, et je me retrouvais dans le Marais, les températures glaciales en mois.

Cette recette n’est pas du tout conventionnelle et d’aucuns trouveront qu’elle a autant le goût du Marais que mon kefir a le goût du Ruinart blanc de blanc. Mais j’ai eu envie de trouver une recette facile pour recycler mes fibres d’extracteur, qui goûte l’Orient, et qu’on puisse marier avec une petite sauce au yaourt et à la menthe du balcon.

La recette des falafels qui rendent grâce à mon frigo

Pour une vingtaine de falafels (3 personnes ou 2 gourmands)

  • 1 petite boîte (25cl) de pois chiches 
  • 4 c. à s. de farine de pois chiches
  • 4 c. à s. de farine de sarrasin
  • 1 demi tasse d’eau
  • 1 demi tasse de fibres de l’extracteur (facultatif, ou à remplacer par la même quantité de carottes hachées)
  • 1 gousse d’ail écrasée
  • 1 demi oignon coupé en dés
  • 1 c. à c. de cumin en poudre
  • 1 c. à c. de graines de cumin
  • 1 c. à s. de feuilles de coriandre hachées
  • 1 c. à s. de feuilles de menthe hachées
  • Sel, poivre
  • 4 c. à s. d’huile d’olive
  • Huile de friture

Préchauffer le four à 180º. Mixer les pois chiches sans leur jus (à conserver pour une mousse au chocolat vegan) ou les écraser à l’écrase-purée (je préfère cette option qui laisse quelques morceaux). Dans un saladier, mélanger tous les ingrédients. Selon la quantité de fibres et la fermeté des pois chiches, rajouter de la farine ou de l’eau afin d’obtenir une pâte qui ne colle pas aux doigts.

Faire chauffer de l’huile dans une sauteuse ou une friteuse. Former des boules de 3cm de diamètre et les faire cuire à feu moyen jusqu’à ce qu’elles soient bien dorées, en les retournant de temps en temps si besoin. Variante healthy : vous pouvez comme moi les faire cuire sur la plaque du four préchauffé à 180º, pendant 15 minutes de chaque côté.

Servir avec une sauce yaourt / citron / menthe.

Les pois chiches « écrasés mais sans excès »
Pour encore plus de crousti, on peut arroser les falafels d’un filet d’huile d’olive.