Visiter l’île d’Epi, au Vanuatu

Je ne sais pas vous, mais pour moi la fin d’année est une période de surbooking extrême. Si en temps normal, pour avoir une vie sociale décente, je suis obligée d’avoir recours à des outils de torture (aka une multi-synchronisation de tous mes calendriers, infliger des Doodle à mes amis ou prévoir le moindre apéro un mois à l’avance), en octobre / novembre je commence à compter sur les doigts d’une main les moments de libre qu’il me reste avant l’année suivante. Cette année, en cumulant un job à temps plein, des missions en freelance, un spectacle de danse, des projets fous, la préparation des vacances de mes parents et l’envie de nous programmer des fêtes de fin d’années parfaites, ce n’est pas vraiment mieux… et le pire c’est que j’aime ça ! Donc pour prévenir cette période d’activité intense et préserver les 10 personnes qui habitent dans mon cerveau, j’ai fermé mon agenda et pris une semaine de vacances au Vanuatu.

Comment y aller, se déplacer, visiter et kiffer

Après un rapide passage à Port Vila, escale quasi obligée en arrivant d’un vol international, nous avons embarqué sur un tout petit Twin Otter en direction d’Epi, une île de la province de Shefa, à une cinquantaine de kilomètres au nord d’Efate. Epi est une petite île volcanique de 43 km de long peuplée de 5 ou 6.000 habitants, vivant au rythme de leurs récoltes et de la pêche. Il est possible de s’y rendre en bateau ou en avion depuis Port Vila (ainsi que quelques liaisons maritimes depuis les îles voisines : Tongoa et Emae). Par voie aérienne, il faut atterrir sur l’une des deux pistes en terre de l’île, à Lamen Bay au nord ou à Valesdir au sud. Pour prouver notre bonne volonté de déconnecter de notre rythme Nouméen survolté, nous avons pris le soin de ne surtout rien réserver à l’avance. C’était sans compter sur la gentillesse d’un local rencontré à l’aéroport de Port Vila, qui nous a booké un transport et une guest house pour notre arrivée. Après un vol de quarante minutes dans ce petit coucou, presque assis dans la cabine de pilotage équipée de mini ventilateurs (et le nez sur une jauge de carburant qui indiquait « empty »), nous sommes arrivés à l’aéroport de Lamen Bay.

Arrivée colorée à Lamen Bay

Matthias, notre chauffeur et futur pote, nous a embarqués pour un tour en voiture vers les villages de la côte Est. Matthias est quasiment le seul taxi de l’île. Lorsque son pick up ne fait pas des allers-retours pour emmener les locaux au champ, il transporte de rares touristes d’un village à un autre. Ses trajets sont toujours une belle expérience de culture locale, avec ses indications sur la vie des villages, les plantations et l’histoire de l’île. Très apprécié pour sa ponctualité (chose assez rare pour être soulignée sous ces tropiques #aelantime), il rend de grands services aux locaux car les routes sont vallonnées et les distances, à pieds, sont longues. Lors de tous nos trajets, on s’est arrêtés à chaque fois qu’on croisait des locaux, pour les déposer au champ ou pour qu’ils se promènent avec nous jusqu’au village voisin.

Matthias, son « trak » et la famille de Sunset Bangalow guest house, en route pour Valesdir. 

Lamen Bay et la côte Ouest de l’île sont un écrin de végétation tropicale luxuriante, alternant cocoteraies, falaises et plantations au design sauvage et tropical regorgeant d’avocatiers, bananiers, tarots, manguiers etc. Lamen bay s’étend sur quelques kilomètres de plage de sable noir majoritairement, avec une partie en sable blanc au nord. Il est très facile de s’y baigner car il y a peu de corail. En face, Lamen island est un petit îlot peuplé de 500 habitants, qu’on peut regagner en prenant un petit bateau à moteur depuis Lamen Bay. La visibilité y serait meilleure pour le snorkeling. La côte Est est encore plus sauvage, avec un relief côtier creusé par les vagues – Nikaura est un super spot de surf, à condition d’apporter sa board – et un paysage sous-marin à couper le souffle. Les villages en eux-mêmes méritent le détour, avec leurs maisons en natagura (tressage traditionnel du Vanuatu) bordées de petites allées fleuries. Entre Lamen Bay et Valesdir il est possible de visiter la chocolaterie de l’île, une structure familiale qui vous proposera des tablettes pour 250 VT (le surplus de leur production exportée, car le tempérage ne s’est pas fait correctement comme m’a expliqué mon pâtissier d’amoureux, mais le chocolat est très bon). Les routes n’étant pas très fréquentées, randonner entre les villages peut être une très bonne idée, de nombreux sentiers permettant de se rendre d’un endroit à un autre en passant par des points de vue en hauteur.

La plage de Nikaura

Lamen Bay au petit déjeuner

Les racines exhibitionn*stes de l’île d’Epi
Le village de Lamen Bay
Loma et ses cabosses de cacao
Séchage d’oignons dans le village de Sara

Pour retourner à Port Vila nous avons décollé de l’aéroport de Valesdir, dont la pelouse de la piste avait été fraîchement tondue une heure avant le décollage de ce vol hebdomadaire. Après un enregistrement « artisanal » et une pesée précise des passagers, de nos sacs et de la poule qui a partagé notre vol emballée dans un sac de riz (la Brigitte Bardot qui vit en moi a pris sur elle), nous avons pris place à bord d’un Islander 8 places, dont l’atterrissage a eu le mérite d’être suffisamment brusque pour réveiller le copilote (oui oui…).

Le boarding pass local, imprimé sur la main de l’unique agent de l’aéroport. 

Où dormir et manger #labase

Nous avons séjourné deux nuits dans la guest house « Epi Frangipani », ouverte il y a un an et tenue par un très gentil couple, Jack et Irene, lassés du tumulte de Port Vila et revenus sur leur île d’origine en quête d’un mode de vie plus simple et naturel. L’accueil est en demi-pension, nous nous sommes donc régalés de produits frais et locaux : bananes poingos braisées, patates douces, oeufs fermiers, choux de chine, lait de coco frais, mangues, poisson pêché devant notre bungalow et lap lap vegan (le lap lap est le plat traditionnel du Vanuatu : une sorte de pudding de tubercules locaux au lait de coco, enveloppé dans des feuilles de bananier et cuit sur des pierres chaudes sous terre. Le cousin de notre bougna calédonien). Les chambres sont très simples mais confortables, propres, avec une kitchenette et des moustiquaires sur toutes les fenêtres.

Les trois bungalows d’Epi Frangipani et leur terrasse en natagura

Nous avons également passé une nuit dans un autre gîte de Lamen Bay situé sur la plage, le « Paradise Sunset Bangalows ». Tenu par Tasso et son fils Joshua, nous avons été reçus très chaleureusement par Joshua et sa femme Sabrina. Les infrastructures sont un peu défraîchies et les repas sont plus basiques que chez nos hôtes précédents mais très corrects : tuluk (gâteau de manioc farci à la viande cuisinée au lait de coco, cuit dans des veuilles de bananier), riz, poisson frais, tarot et pancakes extra fluffy au petit-déjeuner. Cela ne nous a pas empêchés de passer un très bon séjour, et Joshua nous a emmenés faire du kayak au lever du soleil pour nager avec une colonie de tortues qui vit dans la baie. Nous n’avons pas vu le dugong résident, qui selon les habitants du coin se fait timide en ce moment.

Pour finir notre séjour, nous avons de nouveau pris place à bord du pick up de Matthias (ainsi que nos hôtes de Sunset Bangalows et toute leur famille, pour profiter de la balade) pour nous rendre à « Epi Island Guesthouse », tenue par un couple d’australiens, Rob et Alix. En arrivant, on comprend pourquoi toute la famille a tenu a se joindre au périple. La propriété de Rob et Alix est une véritable oasis entre deux baies aux eaux cristallines, jonchée de banians centenaires et de cocotiers généreux. La maison est un vrai appel à la détente avec sa terrasse et son immense canapé qui contemple l’océan. Nous nous sommes régalés des repas préparés par Alix et leurs employés locaux. Entre les repas, les Mowgli que nous sommes se sont gavés de cocos frais et de bananes figues qui poussent comme des petits pains sur la propriété. A la tombée de la nuit, les enfants du village apportent à Rob une bouteille de kava fraîchement pressé et nous avons trinqué avec nos hôtes à leur interprétation simple et authentique du bonheur. Sur la plage voisine, Alix et Rob ont construit une beach house en natagura dans laquelle on peut siester après une session de snorkeling, bouquiner, ou comme Charly, shooter une choré… #onavaitditrepos #indécrottable

Le chill by Charly et Walp sur fond de natagura
La jungle qui sert de jardin à Epi Island Guesthouse
Walp la chienne malheureuse de la guesthouse. Fait aussi guide de rando et éplucheuse de cocos

Informations pratiques

  • Les vanuatais étant très pudiques, il est conseillé aux femmes de s’habiller de façon relativement couverte, en évitant shorts, jupes courtes et décolletés. Évitez le bikini pour les baignades, un boardshort et un tee shirt (ou un lycra) seront plus appropriés.
  • Les liaisons téléphoniques et internet étant assez aléatoires sur l’île, n’hésitez pas à rappeler plusieurs fois en cas de non réponse, et à envoyer un SMS et un email. Nos hôtes nous ont promis qu’ils ne porteraient pas plainte pour harcèlement.
  • Il n’y a que quelques toutes petites épiceries sur l’île, et même si on vit très bien de la délicieuse cuisine locale au gré des guest houses, prévoyez d’apporter vos snacks si vous avez des envies particulières.
  • N’oubliez pas l’anti-moustiques. Nous n’avons pas beaucoup été piqués (notre peau de calédoniens n’est pas la préférée de ces bestioles) mais je me suis rendue compte sur place qu’on aurait pu s’informer un peu plus sur le paludisme… Finalement il y en a assez peu sur l’île, et les moustiques concernés ne piquent qu’à la tombée de la nuit, mais prévoyez de bien vous protéger si vous voulez être tranquilles, en portant des vêtements longs, amples et de couleur claire.
  • Pour ne pas cuire comme un tuluk dans une feuille de bananier, pensez à la crème solaire. L’île étant encore très sauvage et pleine de micro-organismes (et d’autres plus gros organismes comme Bondas le dugong), privilégiez une formule bio pour ne pas endommager le corail et tous ses habitants.
  • Par faute de trouver des informations, j’ai évité de boire l’eau du robinet, qui est souvent de l’eau de pluie stockée dans des citernes pendant de plus ou moins longues périodes. A Epi Frangipani nous avons pu la faire bouillir, et Epi Guesthouse met à disposition une fontaine d’eau chaude et froide. Nous avions emporté nos gourdes qui nous ont bien servi.
  • N’oubliez pas votre équipement de snorkeling pour aller vous amuser avec les tortues. Certains gîtes pourront vous en prêter mais il vaut mieux l’apporter pour profiter de toutes les plages magnifiques.
  • Certaines structures n’ont de l’électricité que par groupe électrogène, allumé entre 19h et 21h. Organisez-vous pour recharger vos batteries d’appareils électroniques (les powerbanks sont nos amies).
  • Il n’y a pas d’ATM sur l’île, pensez à retirer suffisamment d’espèces, seul Epi Guesthouse accepte la CB (mais parfois internet est en panne, donc il faut rentrer à Port Vila pour leur faire un dépôt d’espèces). Les prix des transports et de certaines prestations sont assez élevés.

Si vous aussi, vous avez envie de dépaysement, de détente, d’eaux turquoise et de bons repas partagés avec des locaux accueillants, n’hésitez pas à faire un tour sur l’île d’Epi.

Contacts

Matthias – le taxi de l’île : +678 566 5440.

Lamen Bay – Nikaura A/R : 6.000 VT. Lamen Bay – Valesdir : 12.000 VT.

Epi Frangipani guest house : Jack et Irene, +678 563 6882. Lamen Bay.

3.000 VT / pers / nuit incluant petit déjeuner et dîner.

Sunset bangalows : Tasso et Joshua. +678 5649107 / +678 537 3676. Lamen Bay.

2.500 VT / pers / nuit incluant petit déjeuner et dîner.

Epi Guesthouse : Alix et Rob, +678 772 8225. epiguesthouse@gmail.com. Valesdir plantation.

15.000 VT / pers / nuit en pension complète.